Londres de notre correspondant
C'est une salle de marché comme il en existe des dizaines d'autres à la City. Une cinquantaine de personnes pianotent sur leurs consoles, le combiné du téléphone coincé dans le cou et les yeux rivés sur des écrans bleutés. Natsource Tullett occupe tout un étage d'un vieux bâtiment en pierre de taille, à deux pas du London Stock Exchange. La firme offre ses services de conseil et de courtage sur le marché de l'énergie. Elle achète et vend tout ce qui actionne des machines et noircit le ciel avec des fumées : gaz, pétrole, charbon... Mais elle lutte aussi à sa façon contre ces mêmes hydrocarbures qui perturbent le climat. A travers son écran d'ordinateur, Tim Hatkinson échange des «droits à polluer», ou plus précisément des «permis d'émission de gaz à effet de serre» (GES). Il jongle avec des cheminées d'usine et des pots d'échappement dispersés à travers le monde comme d'autres négocient des paquets d'actions, des sacs de café ou des bons du Trésor. Sa marchandise, c'est la tonne-équivalent CO2 (teqCO2). Elle a un prix, comme toutes les autres, qui varie en fonction de l'offre et de la demande. «C'est un marché sur lequel on peut tout faire, acheter au comptant, à terme, couvrir son risque, même spéculer», explique le jeune trader.
Depuis le 2 avril, Londres, capitale de la finance, possède son marché des permis d'émissions négociables. Trente-quatre entreprises et institutions britanniques ont accepté les règles de ce nouveau jeu. Grandes surface