Omni présent à Rio, le climat sera le grand absent de Johannesburg. Etrange évolution, à première vue : les scientifiques n'ont cessé de multiplier les alertes entre les deux sommets. Mais logique, à la réflexion : car il s'agit de rompre avec le modèle technologique, fondé sur l'usage massif du carbone fossile charbon, pétrole, gaz dominant depuis le XIXe siècle. Une rupture si radicale semble impossible à court terme, même si elle est jugée inéluctable. A Rio, en 1992, les Nations unies avaient rédigé la Convention sur le climat dont les pays signataires s'engageaient «à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre de l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique». Depuis, près de 200 pays ont signé ce texte. Mais celui-ci est si général qu'il ne peut, à lui seul, orienter les politiques énergétiques vers l'objectif affiché. En dix ans, les diplomates ont transformé ces déclarations en accords chiffrés sur des réductions d'émissions de gaz à effet de serre, un calendrier et un système d'observation et de sanctions susceptible de garantir sa réalisation.
Finalisés à Marrakech en 2001, ces accords stipulent que les pays industrialisés limiteront leurs émissions en 2 012 à 95 % de celles de 1990 et aideront le Sud à se développer sans gaspiller le carbone fossile. C'est peu, mais c'est un début. Le problème est que les Etats-Unis, principaux pollueurs de la planète, ne les ont pas signés. On comprend qu'ils ai