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Libération
Éditorial

L'homme prédateur

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publié le 26 août 2002 à 0h45

Les humains connaîtront-ils le sort des dinosaures ? Une extinction, non sous l'impact d'un astéroïde mais sous celui d'une force tout aussi capable de déstabiliser les équilibres de la vie sur Terre : l'homme lui-même. Les Cassandre conjurent la vision d'une apocalypse au ralenti sur une planète ravagée par la course aveugle à la consommation et fracturée par ses inégalités. Les sceptiques leur répliquent que les catastrophes annoncées n'ont pas eu lieu, que des centaines de millions d'êtres humains ont été arrachés à la misère, que l'explosion démographique ralentit, les famines reculent, l'espérance de vie est presque partout en augmentation et la couverture forestière stable.

Le Sommet de Johannesburg ne tranchera pas ces polémiques malgré le déluge de statistiques, les cris d'alerte et les études plus ou moins scientifiques. Il n'apportera pas davantage, hélas, de décisions concrètes, datées et chiffrées pour traiter de problèmes pourtant évidents, dont on connaît les moyens de les résoudre, parce que manque la volonté politique collective de surmonter les égoïsmes particuliers. Pourtant, au-delà de l'optimisme des technobéats et des dénonciations des adversaires de la mondialisation, l'enjeu est bien une révolution copernicienne.

L'homme jusqu'à ce jour a amélioré sa condition par l'exploitation de tout ce qui l'entoure ­ les autres espèces, les matières premières, les sols et océans. Pourra-t-il poursuivre sur la voie du progrès, matériel et culturel, et étendre plus éq