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Trop de sushis tuent le thon rouge

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Paradoxe: en Espagne, l'explosion de l'élevage des «diamants de l'océan», destinés au marché japonais, accroît la menace d'extinction de l'espèce.
publié le 26 août 2002 à 0h45

C'est le nouveau foie gras de la Méditerranée, et les Japonais en raffolent tellement, pour leurs sushis et leurs sashimis, qu'ils sont prêts à le payer quinze fois ce qu'il vaut en Europe : le thon rouge (Thunnus thynnus, de son nom savant) est devenu la proie d'«une véritable ruée vers l'or», qui alarme le Fonds mondial pour la nature (World WildLife Found, WWF). Depuis quelques mois, l'association de protection de l'environnement mène campagne contre l'explosion d'un nouveau business qui risque, dit-elle, de «décimer une espèce déjà menacée par une pêche excessive».

Inexistant il y a six ans, l'élevage de thons rouges a fait une percée tellement fulgurante en Méditerranée qu'il représente aujourd'hui la moitié de la production mondiale (11 000 tonnes sur environ 20 000 en 2001). Avec six grosses fermes implantées en Murcie, sur la côte sauvage au sud de Cartagena, l'Espagne s'est imposée comme première productrice mondiale de ce thon d'élevage. Elle fournit quelque 7 000 tonnes par an du nouvel «or rouge», quasi exclusivement exporté au Japon. Mais la Croatie, Malte et l'Italie s'y sont mises aussi, tandis que la France, la Turquie ou la Tunisie frétillent à l'idée de se tailler une part du gâteau.

oeufs. «L'élevage peut, à première vue, apparaître comme une solution à la surpêche et à la satisfaction de la demande alimentaire humaine. Or le thon rouge est l'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire», dénonce Laurent Debas, responsable de l'«équipe mer» au WWF France. Cont