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Libération

Jalalabad livré à la loi des seigneurs féodaux

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Payés par les Américains, deux potentats sèment le chaos dans la province afghane à coups de décisions arbitraires.
publié le 7 septembre 2002 à 0h54

Jalalabad envoyé spécial

Jalalabad s'étire sous le soleil bouillant de l'été qui s'achève. Des caravanes de chameaux traversent de leur pas flottant les artères sales et poussiéreuses envahies de voitures klaxonnantes. Sur le marché, un mendiant s'esquinte à brailler «Allah ! Allah !» devant sa sébile dans l'indifférence générale des chalands en shalwar-kamiz (pour les hommes) et tchadris (le voile intégral porté par les femmes). Le long des venelles bordées par les hauts murs de pisé des habitations, tous s'écartent avec méfiance devant les pick-up tout-terrain des commandants moudjahidin et leurs gardes du corps pointant leurs kalachnikovs. Dans la capitale de la province du Nangarhar, l'une des plus grosses productrices d'opium du pays (1), le pouvoir des armes demeure le seul qui compte. Comme partout en Afghanistan.

Camions de drogue. Trois chefs de guerre se sont partagé la ville à la chute des talibans, à l'automne dernier : Hadji Qadir, Hazrat Ali et Hadji Zaman. Le premier, Pashtoun nommé gouverneur de la province, puis ministre et vice-président du pays, a été assassiné en juillet dernier à Kaboul par plusieurs hommes armés. L'enquête sur son meurtre n'a pas abouti. Le pouvoir étant affaire de famille, son frère, Hadji Din Mohammed, le remplace au gouvernorat. Le fils aîné, Hadji Zair, est chargé de la sécurité des frontières de la province avec le Pakistan, par où transitent de juteux trafics. Il ne se déplace dans son luxueux 4 x 4 équipé d'une télévision, nous dit