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Interview

«Le 11 septembre n'a pas révolutionné le monde»

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publié le 7 septembre 2002 à 0h54

Le 11 septembre a-t-il, comme on le dit souvent, tout changé dans les relations internationales ?

Pour ma part, je n'ai jamais dit que plus rien ne serait comme avant, et je m'étonne de l'écho donné à cette thèse. Les attentats du 11 septembre ont et auront des conséquences considérables, mais la césure la plus importante dans l'histoire récente du monde reste la charnière 1990-1991, la fin de l'URSS et donc la fin du monde bipolaire. Le 11 septembre a été un traumatisme terrible pour les Etats-Unis qui se pensaient invulnérables et que les autres voyaient comme tels. Ce choc a légitimé la mise en oeuvre par George W. Bush d'une politique étrangère unilatérale dont il était déjà porteur avant, mais qui n'aurait pas pris sans cela une telle ampleur. Cette tragédie affreuse a durci et décanté la manière dont les Américains voient leur sécurité et leur rôle exceptionnel dans le monde. Une conception du rôle de l'Amérique qui s'affirmait depuis des années mais que l'ouverture personnelle de Clinton masquait. Cette conception s'impose aujourd'hui et a trouvé sa théorie a posteriori. Le 11 septembre a donc été plus un révélateur et un accélérateur qu'une date inaugurale.

Cela dit, les conséquences géopolitiques en sont nombreuses. Les relations entre les services de renseignement et d'espionnage d'un grand nombre de pays ont été resserrées autour des Etats-Unis. Des dirigeants ont saisi cette occasion. Poutine pour nouer une relation stratégique à long terme avec les Etats-Unis, Sha