Entre Anne et la politique, il est toujours question de distance. Celle qui lui faisait dire avant le premier tour de l'élection présidentielle qu'elle n'attendait «rien» de ce scrutin. C'était il y a un an lors d'un voyage en train, quelque part dans l'est de la France (Libération du 13 avril 2002). A l'époque, elle voulait se tenir à l'écart de ce qu'elle considérait comme une impasse : voter Chirac, c'était «cautionner un mec qui a des problèmes avec la justice», choisir Jospin, c'était «cautionner un mec et un système pas très emballants». La jeune femme posait déjà ce regard clinique sur la campagne électorale qui lui fait dire aujourd'hui : «J'ai un rapport affectif à la politique très limité. Peut-être parce que je vois la politique comme un métier.»
Anne a fait une thèse de sciences politiques avant de travailler dans le management et la communication. Après avoir été tentée par François Bayrou, elle a opté pour Christiane Taubira, la candidate du Parti radical de gauche. «C'était un choix de repli. Taubira incarnait pour moi une candidature décalée, minoritaire. Voter pour elle était une façon de dire à la classe politique classique qu'elle devait changer.» Anne a voté Chirac le 5 mai, mais elle n'est pas descendue dans la rue lors des grandes manifestations qui se sont déroulées entre les deux tours. Question de distance par rapport à la politique encore : «Je cher che à confronter la politique à ce que je vis. Je n'ai pas manifesté car je n'avais pas besoin de crie