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Libération
Portrait

Eric, 25 ans, Courbevoie (Hauts-de-Seine). Adhérent du FN depuis octobre 2002

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«S'engouffrer dans la brèche»
publié le 19 avril 2003 à 22h56

«Seuls ceux qui vivent dans une tour d'ivoire ont été surpris par le 21 avril.» Eric, 25 ans, a adhéré au Front national en octobre dernier. Lui prétend avoir «senti» Le Pen accéder au second tour, «senti» aussi l'exaspération des classes populaires. Il était alors un simple sympathisant du FN, tendance souverainiste, vivant à Courbevoie, en région parisienne. Parfait mannequin de la nouvelle vitrine frontiste, Eric revendique «un lepénisme soft, ouvert». Mais pas au point de témoigner sous son vrai prénom. Désirant entrer dans la fonction publique, il tient à l'anonymat, pour «ne pas se faire griller par les RG». Typique de la paranoïa qui imprègne les troupes lepénistes, cette crainte est d'autant plus vaine qu'Eric s'est récemment fait embarquer par la police «de Sarkozy» alors qu'il distribuait des tracts FN. Après quatre heures au poste, il en est sorti plus convaincu qu'en entrant. Ce qu'il n'aime pas, c'est qu'on «diabolise le Front».

A la présidentielle, il a voté Le Pen aux deux tours. Pour la première fois de sa vie. «Il s'assagit avec les années, il est moins excessif.» Après avoir milité chez Philippe de Villiers, Eric a donc pris sa carte au FN. «Un vote d'avenir, clame-t-il. Cinq millions et demi de voix ! Et il attire les jeunes et les classes populaires.» Pas tout à fait son profil : Eric a fait une école de gestion, son père était comptable et sa mère travaille dans le social. Cheveux courts, chemise impeccable et lunettes discrètes, il a l'air d'un jeune cad