Il y a un an, Jeannette Bougrab ne faisait pas de politique. Aujourd'hui, elle est secrétaire nationale de l'UMP, chargée des questions d'équité en matière d'emploi, membre du Haut Conseil à l'intégration et du Haut Conseil aux rapatriés. Lors de son voyage en Algérie, début mars, Jacques Chirac a embarqué cette fille de harki dans la délégation française. Seuls les partis offrent des ascensions aussi fulgurantes que peuvent l'être les descentes aux enfers...
Pour la droite qui veut afficher des visages ressemblant à la société française, Jeannette Bougrab, qui a adhéré à l'UMP en novembre, est une icône de rêve. Elle le sait : «Ils m'utilisent peut-être... mais moi aussi. C'est par mon travail que je montrerai que je ne suis pas un alibi.» Fille d'un père ouvrier, d'une mère «dame de ménage» au chômage à Déols, dans l'Indre, cette maître de conférences en droit public à la Sorbonne n'a «pas été surprise par le résultat du premier tour». Adepte «de la méritocratie et de l'école républicaine», elle dit avoir vécu «l'abandon par la gauche des classes populaires» et senti monter «le FN comme premier parti ouvrier de France». Alors, «parce qu'on a laissé de côté ceux qui en avaient le plus besoin», elle a décidé de s'engager. A droite, même si, ado, elle a vendu les badges de SOS Racisme. «Penser qu'on va à gauche parce qu'on est beur, c'est une forme de colonialisme.» A Pierre Mazeaud, son «modèle en politique», croisé lors d'un stage au Conseil constitutionnel, elle confie son