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Libération
Interview

Marc, 27 ans, animateur dans une cité d'Ile-de-France. A voté Le Pen aux deux tours

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«Voter FN, c'est avoir du pouvoir»
publié le 19 avril 2003 à 22h55

«Autour de moi, beaucoup ont fait pareil, mais ils ne le disent pas. Il y a un grand ras-le-bol, un très grand ras-le-bol. Mes parents ne votent pas. Ma mère a l'impression que ça ne sert à rien, et mon père est portugais. Moi, j'ai voté Le Pen comme une provocation, pour que ça pète. C'est peut-être stupide, mais je pense qu'il fallait réveiller les élus, les mettre à l'amende. Et aujourd'hui, je crois que je revoterais pareil. Franchement, qu'est-ce qui a changé ? Après les élections, Chirac a compris que c'était pas normal d'être élu avec autant de voix, alors il a dit à Sarkozy de se bouger, de redresser tout ça. Mais Sarkozy, il a pioché où ? Dans les idées de Le Pen. Pour moi, ça ne change rien. Je suis animateur dans une cité difficile. C'est toujours avec des immigrés qu'on a des problèmes. Et le seul qui parle des immigrés, c'est Le Pen. Les mecs, dans la cité, quand ils font une connerie, ils te racontent qu'au Zaïre on leur aurait coupé les deux mains pour ce qu'ils ont fait. Ça fait réfléchir. Je ne suis évidemment pas pour ce genre de "peine", mais en France, on est trop gentil. D'après moi, si tu veux faire le "bonhomme", tu paies comme un "bonhomme". Au Portugal, il faut éviter de regarder la police dans les yeux. Personne ne dit aux policiers de "niquer leur mère". Dans mon métier, dans la cité, je vois que rien ne change. Il y a toujours des jeunes à la rue, qui dorment dans les caves. Nous, il faut qu'on fasse de la sécurité, de l'éducation, de la gestion