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Libération
Portrait

Maureen, 20 ans, étudiante, Paris, abstentionniste

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«Ça m'embêtait de me déplacer pour un bout de papier»
publié le 19 avril 2003 à 22h56

A 20 ans, Maureen n'a déposé qu'une seule fois un bulletin dans une urne : pour les élections municipales de son petit village de la Mayenne. C'était il y a deux ans. Et encore : «En suivant l'avis de mes parents.» Alors, bien sûr, le 21 avril 2002, elle n'était pas au rendez-vous. «Avant une élection, on reçoit une enveloppe avec les program mes. Mais comme je suis à Paris, c'est arrivé chez mes parents. Ça m'embêtait de me déplacer pour mettre un bout de papier dans un truc. Je me suis dit : "Il y a tellement de gens qui votent."»

Maureen a de beaux yeux bleus, un piercing sur la langue et un pantalon de jean extralarge. L'année dernière, elle est venue à Paris pour faire une année de prépa aux écoles d'art. Cette année, «je fais le point». La politique ? «Il faudrait que je m'y mette, mais j'ai du mal à comprendre les différences entre les partis, entre la droite et la gauche. C'est compliqué parce qu'on vote pour quelqu'un qui vous représente et qu'on ne peut jamais être à 100 % d'accord avec lui.»

Elle aime les belles choses, voudrait devenir «designeuse», lit du théâtre (Eric-Emmanuel Schmidt), écoute du rock et un peu de classique. Elle regarde les informations à la télévision, «pour savoir ce qui se passe dans le monde». Mais reste à mille lieues de l'actualité politique. Ainsi, elle était pour le Pacs, mais ne sait pas qui, de la droite ou de la gauche, l'a fait voter. Les 35 heures ? «J'ai mis du temps avant de comprendre. Je sais que ça met beaucoup de choses en dés