Prenez un coq, dit notre oie, un âne plutôt,
Le jars est un mari qu'on oubliera bientôt.»
Lors, un âne et un coq avaient pris pour maîtresse
Une oie du Périgord qui ne les déçut pas.
Veuve elle n'avait pas connu telle détresse,
Le jars de ses noces en passant par trépas
Avait laissé en elle un croupion désirant
Et des bouffées d'orgie à provoquer Satan.
Il est vrai qu'aux oies blanches, la couleur du deuil
Marque moins aisément que le rimmel à l'oeil.
La basse-cour contient de bien bas courtisans
Et le coq qui régnait sur cet enclos crotté
Ne tarda pas à voir le manège aguichant
De cette poule grosse et pas mal culottée,
Hautaine et lascive, le dédain goguenard,
Le popotin levé, et clignant du regard.
Des poules de ce lot, il en rêvait parfois,
Jamais, au grand jamais, n'y avait mis le doigt.
A dire vrai, le doigt n'est pas ce que l'on doit
Mettre à l'endroit précis qu'il reluquait en roi,
Un roi de basse-cour, et ses gallinacées,
Prises, si soumises qu'il en avait assez.
Dressé sur ses ergots, pour se grandir un peu
Il dit à l'oie dodue qu'il prenait pour sa poule :
«Sais-tu mon bel oiseau, que je règne en ce lieu,
Et que malgré ta taille et ton air qui roucoule
Je vais planter mon dard au profond du duvet
Qui s'agite au toupet de ton plumeau levé.»
L'oie ayant peu de goût pour les préliminaires
Se tourna tout à trac et, sans plus de manières,
Se laissa perforer par le petit poinçon
Que l'imbécile heureux prenait pour une poutre :
Les poules lui disaient qu'il bandait comme un arc,
Et pour cette vertu l'av