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Le coq lit Cocteau

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publié le 17 juillet 2003 à 0h02

Prenez un coq et faites-le lire, il n'y a pas de raison. L'expérience peut être réalisée avec un coq ordinaire, mais, si le choix vous en est donné, l'effet sera décuplé avec un coq à lunettes. Mieux encore, si vos relations vous permettent de dégotter un coq scolarisé, ou qui ait appris d'une façon ou d'une autre à lire à haute voix (la maîtrise de l'écriture est inutile), c'est parfait. Mais bon, va pour un coq ordinaire, analphabète et clairvoyant. Munissez-vous d'un pain du jour, de papier quadrillé, de fil à repriser (caca d'oie de préférence), d'une aiguille, d'un dé à coudre et d'un texte de Jean Cocteau que vous aurez choisi en fonction des goûts et des aptitudes intellectuelles de votre coq, ou, sinon, des vôtres. On découpera dans les feuilles quadrillées quelques pages d'un faux livre, huit ou douze suffiront, de la dimension d'une carte à jouer afin que l'ouvrage ait l'air proportionné à la taille de l'animal. Les feuilles seront réunies en un maigre cahier et cousues à la main, à l'ancienne, avec le fil, comptez une bonne aiguillée par ouvrage, nouez, mais ne coupez pas, laissez-en pendre une petite coudée.

Sur la double page centrale, copiez le texte choisi :

«Est-ce l'anguille ou l'ablette

Qui fait la loi du vivier

Et depuis quand l'alouette

Chasse-t-elle l'épervier

L'homme pousse la brouette

La femme lave à l'évier

Sur le vantail la chouette

Atteste que vous rêviez.»

Pour la boulette, il faut rouler quelques grammes de mie entre le pouce et l'index, un peu, sauf le res