Menu
Libération
Série

Le coq est une poule mouillée

Article réservé aux abonnés
publié le 13 août 2003 à 0h36

Prenez un coq. Maintenant que vous le tenez, dites-vous bien qu'à lui seul il est incapable de constituer la basse-cour dont vous rêvez. Il vous faut l'accoupler, et pour cela consacrer quel ques mots à sa com pagne. Nous avons appris que la femelle du coq s'appelle la poule. Ce qui, d'après notre abondant courrier, semble en avoir surpris plus d'un. Il est vrai que les deux mots ne sont pas parents, du temps que le coq (Gallus gallus) s'appelait jal ou jau, sa femelle était la géline (dont il reste la gélinotte) et le poulailler était bien gardé. Mais les mots durent moins longtemps que les oeufs (à supposer que les oeufs durent). Le coq, on l'a vu, doit son nom à son chant et la poule à un mot latin plus général, pullus, le «petit d'un animal» quel qu'il soit, on lui doit le mot poulain, qui est le petit du cheval et pourquoi pas de l'âne, car, comme dit le proverbe, «quand il y en a poulain, il y en a...» (vous devriez avoir honte !). Non, le petit de l'âne est l'ânon, et je signale à tous ceux qui ont tenté de faire croire à leur coq qu'il savait lire (voir Libération du 17 juillet, Le coq lit Cocteau) que d'un âne qui apprend à lire on dit qu'il ânonne. Le poulain, en sport et ailleurs, a fini par désigner tout débutant aidé dans sa carrière par un personnage influent.

Le poulain, cheval de moins de deux ans aux pattes frêles, a donné son nom (qu'il partage avec la chèvre et le chevalet) à un assemblage de bois utile au transport des marchandises, au roulage des tonneaux