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Le courrier du coq

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publié le 22 août 2003 à 0h41

Prenez un coq, nous nous chargeons de l'âne. Bien peu de penseurs contemporains se sont intéressés aux passages fragiles qui lient le coq à l'âne, la plupart les dénient, les autres en ricanent. Certes, de nombreux ouvrages prétendent en traiter, mais soit ils en usurpent le titre pour illustrer un bestiaire, soit ils s'y abritent pour écrire n'importe quoi au prétexte que rapprocher le coq de l'âne serait suffisamment incongru pour qu'on s'autorise d'autres incohérences. Or, nous savons vous et moi, d'expérience, que ces deux animaux ont assez de points communs pour occuper tout un été. Norge, le poète, publia chez Gallimard en 1985 un recueil le Coq à l'âne, drôle et mélancolique. Bernard Galey, dix ans plus tard, donnait ce titre à son deuxième précis d'Etymo-jolie, pour dire d'où viennent quelques expressions familières, dont la nôtre. De même Daniel Giraudon, aux éditions Chasse-marée-Armen, pour un bestiaire breton, ou, l'an passé chez Delegrave, une compilation de Comptines pour passer du coq à l'âne, qui raconte l'histoire d'un chat photographe. On vient même de récompenser du prix Sorcière le bel album de Claire d'Harcourt, Du coq à l'âne (Seuil, 2003), consacré aux représentations artistiques des animaux, et où, contre toute bienséance, l'âne précède le coq.

Plus sérieusement, trop peut-être, David Claivaz a publié, aux Editions universitaires de Fribourg voici trois ans, un Ce que j'ai oublié d'y mettre, essai sur l'invention poétique du coq-à-l'âne de Clément Maro