Le projet du Californien James Turrell pour le bâtiment Paris-Austerlitz-1 de la Caisse des dépôts et consignations se révèle dans la nuit. Il s'agit d'une mise en lumière, expression presque triviale pour un artiste (né en 1943) dont tout le travail, depuis les années 1970, a consisté à plonger dans la lumière colorée, de transformer les problèmes d'optique en questions «haptiques», terme qui associe la vue à la volonté de toucher, à la proximité enveloppante, entêtante de la couleur. Le bâtiment de la Caisse des dépôts, construit sur un terrain triangulaire à angle aigu par l'architecte Christian Hauvette à côté de la gare d'Austerlitz et du pont Pompidou, possède une particularité : sa transparence vitrée, presque indécente, autour d'une «rue intérieure». L'ancien pilote et étudiant en psychologie et en mathématiques a mis au point un système d'éclairage binaire, différant sources et cadences de projections des trois couleurs cathodiques BVR, soit le bleu, le vert et le rouge. L'artiste construit ainsi une image changeante «comme l'expérience muette qui consiste à regarder un feu», dont la perception constitue la narration même. James Turrell s'est rendu célèbre par ses immenses tableaux de couleur immatérielle et par ce projet inouï qu'il a initié en 1972 en achetant un volcan (Roden Crater) près du Grand Canyon, en Arizona. Il travaille à transformer le cratère éteint de son volcan en une vision à échelle monumentale, une expérience cosmique de l'univers environnant de
Critique
Est. 8 - Dépôt de lumière.
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par SERVICE CULTURE
publié le 4 octobre 2003 à 1h16
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