Menu
Libération
Interview

«L'Europe devra remercier la Chine »

Article réservé aux abonnés
Professeur d'économie à l'université de Hangzhou, Zhang Xukun plaide pour la poursuite de l'ouverture des marchés.
publié le 4 novembre 2003 à 1h42

Professeur à l'université de Hangzhou (province de Zhejiang, au sud de Shanghai), Zhang Xukun n'a découvert le concept d'économie de marché qu'en 1983. «C'était la première fois qu'un professeur en parlait dans un cours.» A 50 ans, il en a observé de près la mise en oeuvre, en enseignant l'économie dans la région qui compte aujourd'hui le plus fort taux d'entreprises privées.

A quoi tiennent les progrès économiques foudroyants de la Chine depuis les années 80 ?

Essentiellement à une chose : la politique de réforme et d'ouverture du gouvernement. De 1949 à 1979, l'économie chinoise était restée à l'écart du monde. L'ouverture a provoqué un rattrapage brutal. Mais l'économie chinoise reste largement étatisée. La prochaine étape, nécessaire, est la privatisation de secteurs entiers. Sans elle, il n'y a pas de rattrapage possible des pays occidentaux.

Voit-on émerger une nouvelle génération d'entrepreneurs chinois ?

Oui. Prenons l'exemple du Zhejiang. Cette province connaît aujourd'hui, avec 13 %, la croissance la plus rapide du pays. Elle est aussi la plus privatisée. Dans le passé, 90 % des entreprises y étaient publiques. Aujourd'hui, 70 % à 80 % d'entre elles sont privées. Ce changement de système a motivé les gens, a provoqué un enthousiasme pour le travail. On a vu, dans les années 80, une première génération d'entrepreneurs qui s'est concentrée sur les biens de consommation et l'habillement. C'étaient souvent des gens peu éduqués, d'anciens paysans reconvertis. Le marché chin