Shenzhen (province de Canton) envoyé spécial
Les trois jeunes gens sont attablés devant un plat de nouilles sautées, les yeux rivés sur le téléviseur qui diffuse une de ces séries historiques dont raffolent les Chinois. C'est l'heure de la pause-déjeuner dans leur usine de claviers d'ordinateur, située de l'autre côté de la rue, dans un quartier industriel de la périphérie de Shenzhen, la «zone économique spéciale» du sud de la Chine.
Dans un moment, ces jeunes, âgés de 20 et 21 ans, tous trois fils de paysans et originaires de l'île de Hainan, en mer de Chine méridionale, iront faire la sieste avant de reprendre le travail à 17 heures, jusqu'à 23 heures. Ils ont déjà travaillé cinq heures dans la matinée, passant au total dix heures trente devant leurs machines occupées en alternance par une autre équipe d'ouvriers. Ici, ce ne sont pas les 3 x 8 mais les 2 x 10 h 30... Un rythme suivi sept jours sur sept, sauf les jours fériés et trois semaines de vacances au moment du nouvel an chinois, pour rentrer dans leur famille. «Nous pouvons prendre deux ou trois jours si nous voulons, mais nous ne serons pas payés», précise l'un d'eux.
Leur salaire ? Pour cette semaine de 73 heures, plus de deux fois la durée légale du temps de travail en France, ils toucheront entre 600 et 900 yuans (entre 60 et 90 euros) par mois, selon leur productivité. Leur salaire est composé d'un fixe minimum, dont ils ignorent le montant, et de primes liées au nombre de pièces produites. Ils vivent dans des do