Spézet (Finistère), envoyée spéciale.
Il avait dit qu'il serait sans doute seul avec Robert cet après-midi-là. En fait, Dédé et Michel étaient venus aussi pour aider à finir la passerelle. Le travail était déjà bien avancé. Restait juste à fixer les palettes de bois sur les deux traverses, à consolider le tout avec un câble et à clouer du grillage par-dessus pour ne pas que ça glisse. «J'ai piqué l'idée du grillage à poules dans les Côtes-d'Armor, pendant une balade, raconte Ronan. Les palettes en bois, je les ai récupérées à l'usine. On en reçoit tellement qu'on les brûle. C'est bête.» La passerelle finie, Dédé sort un jetable pour une photo souvenir. «La prochaine fois, il faudrait qu'on mette un étai sous la porte du moulin. Sinon, ça va pas tarder à s'écrouler», suggère Ronan sur le chemin du retour.
Cela fait maintenant près de trente ans que Ronan Broustal est ainsi fabricant de chemins. N'allez pourtant pas penser qu'il est employé à la DDE (Direction départementale de l'équipement) : il travaille dans une usine de Concarneau où il dessine l'habillage de boîtes de conserve. Les chemins, c'est juste une passion. Une passion contagieuse dès qu'on commence à écouter le petit homme à l'oeil noir comme celui d'un sanglier. Car c'est chemin faisant qu'on ramasse le nombril de Vénus, qui guérit toutes les maladies de peau, qu'on trouve la fontaine des Vertus, dont l'eau vous donne la force, ou qu'on apprend une nouvelle sur Véfa de Saint-Pierre, la comtesse originale qui chass