Ces élections montrent une grande diversité d'attitudes politiques vis-à-vis de l'Europe. Une partie peut s'expliquer par les différences de développement, qui distingue trois niveaux de périphérie. Un Ouest en voie d'intégration (Espagne, Portugal et Irlande) ; les pays «émergents» du Nord-Est et du Sud-Est (Grèce, Chypre, Malte, Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovénie), dont la situation ressemble, à certains égards, à celle des précédents au moment de leur entrée dans la Communauté, il y a quinze ans. Enfin, des pays plus «en retard» (Etats baltes, Slovaquie). Dans l'ensemble, une position périphérique conduit à des attentes positives de l'Union européenne, dont on espère la solidarité et l'aide au développement, avec l'objectif d'une meilleure «cohésion» continentale. Inversement, les pays où l'on estime, à tort ou à raison, qu'on subit un prélèvement fiscal indu manifestent des réticences, au point que, comme la Norvège ou la Suisse, ils ont préféré rester en dehors de l'Union. On sait que ce modèle explicatif n'est pas suffisant : le Luxembourg, le pays le plus aisé de l'Union européenne, n'a jamais exprimé le moindre euroscepticisme tandis que la Grèce n'a pas toujours manifesté un euroenthousiasme sans faille. La Grande-Bretagne et l'Italie, dont le PIB par habitant est voisin, ont développé des positions très différentes. D'autres éléments jouent et, parmi eux, le rapport de la société à son Etat.
On peut distinguer à ce propos deux grands types d'attitudes,