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Analyse

Centre-ville, coeur d'Europe

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Le vote urbain, majoritairement en faveur du traité constitutionnel, a exprimé la capacité des villes à assumer leur cosmopolitisme quand, ailleurs, on le redoute.
publié le 1er juin 2005 à 2h25

Il peut être tentant de lire le vote du 29 mai comme une simple expression d'un clivage entre groupes socio-économiques ou socio-politiques élémentaires. L'analyse géographique de cet événement permet de mieux articuler l'espace du comportement politique et l'espace des enjeux. Les cartes de ce dossier permettent de montrer que la dimension spatiale du vote est présente à la fois dans la distribution géographique du choix et dans les enjeux du scrutin.

Une urbanité cosmopolite au secours de l'Europe

La lecture de la carte rend visible l'importance des clivages liés aux différences de localisation au sein du monde urbain, appelés «gradients d'urbanité». L'enjeu européen, aujourd'hui comme en 1992, tend en effet à engendrer de nouvelles lignes de clivage, très marquées, mais substantiellement différentes de celles qui ont correspondu au clivage gauche/droite durant des décennies. J'avais parlé au moment de la ratification du traité de Maastricht, en 1992, dans Libération, d'un «nouvel espace légitime». Celui-ci était alors, de justesse, majoritaire. Il ne l'a pas été dimanche dernier, mais cela ne change pas pour autant fondamentalement sa composition ni sa configuration. Simplement, cet espace légitime s'est recentré sur les villes.

Il y a pourtant une différence entre ces deux types de logiques. En 1992, la force du oui provenait de deux sources distinctes. L'une était le monde des villes, l'autre celui de régions en quête d'autonomie vis-à-vis de l'Etat centralisateur français