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Libération

Nice : Il lui a manqué 1789

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Portrait de la ville par Max Gallo
par Max GALLO
publié le 9 juin 2006 à 21h45

Nice est une immigrée, Roba Capeù, régularisée en 1860, mais 146 ans c’est bien peu pour devenir une «vraie» ville française. Elle l’est pourtant par le sang versé. Il y a, creusé dans la falaise au sommet de laquelle se trouve le «château», face à la mer, un immense monument aux morts de marbre blanc. Mon grand père en a, avec quelques centaines d’autres maçons, taillé les pierres. Et le nom d’un de ses frères ou cousins est gravé sur l’une des parois. Mort pour la France, au milieu d’une kyrielle de noms, jeunes gens de la Grande Guerre, qui s’appelaient Revelli, Melandri, Marabotti, Galliano, Moretti, tombés dans ces terres lointaines et boueuses de l’Est et du Nord. Mais voyez le préjugé, la discrimination, on a murmuré que ces soldats-là, s’étaient débandés dès les premiers assauts allemands.

Des «méridionaux», des «Niçois», des «Italiens» pour tout dire. Et ils l'étaient en effet, venant du Piémont ou des Abruzzes, des Pouilles ou de la Toscane. Italiens ? Mais quand dans les années 30-40, Mussolini et ses Chemises noires ont commencé à crier «Nizza nostra», à revendiquer la ville, tous ces immigrés se sont mis à répondre «Vive la France», pavoisant de bleu blanc rouge la ville le jour de la fête de Jeanne d'Arc en 1942. C'est en ce temps-là que j'ai appris la Marseillaise. Et si vous traînez un jour sur une avenue que l'on a défigurée, qui se nommait avenue de la Victoire, allez non loin de la place Masséna, levez la tête, regardez ces deux lampadaires, comme je l'ai f