Espagne / Tunisie
«Avec Senna, on va droit dans le mur», beugle un supporter espagnol à Kamen, le centre d'entraînement de l'équipe ibérique. Humour pas cher sur fond de revendication identitaire. Pourtant, Senna, brésilien de Villarreal naturalisé espagnol deux semaines avant la Coupe du monde, a été accueilli à bras ouverts au sein de la Selección. Sauf peut-être par Baraja et Albelda, les deux milieux défensifs de Valence. Du fait de cette naturalisation express, le premier regarde le Mondial à la télé tandis que le second compte ses doigts sur la banquette, victimes de cette nouvelle tendance des sélections nationales qui ont compris qu'il était plus facile de gagner quand on jouait avec des Brésiliens, par exemple. Les sélectionneurs tunisien (Lemerre) ou portugais (Scolari, un Brésilien, tiens, tiens) s'en frottent les mains : Santos et Clayton, du Brésil, ont signé pour la Tunisie, Deco pour le Portugal. «Le Brésil est l'exemple type de la mondialisation appliquée au football, c'est un réservoir de main-d'oeuvre qualifiée, et, qui plus est, les talents y sont excédentaires. Ce sont les informaticiens indiens du football. Ils sont doués et pas chers. On peut parler de fuite des cerveaux», analyse Paul Dietschy, professeur à l'IEP de Paris et auteur d'Histoire politique des Coupes du monde de football. Il rappelle toutefois que «le phénomène n'est pas nouveau. Dans les années 30, il y avait déjà des naturalisations. L'équipe d'Italie, par exemple, comptait dans ses rangs