A Cologne, 21 heures Suisse/Ukraine
C'est à sa dégaine d'apparatchik qu'on s'aperçoit que le socialisme avait de l'avenir. Oleg Blokhin a gardé de l'ex-URSS les costards mal taillés et la gomina qui figent la silhouette et le visage. Blokhin ne rigole pas. Pas plus que Khrouchtchev ou Brejnev, autres Ukrainiens historiques, maîtres du Kremlin des années de glace. «Sueur et travail», c'était déjà sa devise au Dynamo Kiev, le club de sa vie (1970-1987). «Discipline et esprit d'équipe» est celle qu'il inculque aujourd'hui à ses joueurs. Avec succès. L'ex-«fusée ukrainienne», nommée en catastrophe sélectionneur en septembre 2003, achève la quatrième année de son premier plan quinquennal, en avance sur les objectifs fixés : une première qualification au Mondial avec un huitième de finale à suivre contre la Suisse. Oleg le terrible n'a pas de temps à perdre : «Je travaille dur pour que l'Ukraine retrouve sa gloire d'antan.» Sa prose qui rappelle celles des grands tsars et des soviets suprêmes mêle histoire et politique à la manière des héros d'Eisenstein, tendus vers une même finalité de grandeur et de retour à l'âge d'or. L'Ukraine joue donc en jaune éclatant pour conjurer son passé de nation vassalisée par la Russie, puis martyrisée par les nazis.
Droite nationaliste. Citoyen d'une République indépendante depuis 1991, Blokhin «reste soviétique» et conçoit sa mission à travers le foot et la politique, deux univers dans lesquels il a toujours baigné. Relevant autrefois du ministère