Brésil / France
Juste avant l'Euro 2004, on était parti se faire expliquer le poste d'arrière droit par Willy Sagnol, qui l'occupait depuis quatre saisons au Bayern de Munich. Il a rapidement pris une feuille qu'il a griffonnée partout : des ronds, des croix et surtout des flèches, dont l'une indiquait la sacro-sainte faiblesse d'un système en 3-5-2 (trois défenseurs centraux, cinq milieux dont deux excentrés qui font office de latéraux, deux devant) qu'il s'est pourtant farci plus souvent qu'à son tour en Bavière : entre les deux excentrés et les défenseurs centraux qui les couvrent.
Sagnol dit souvent : «Ceux qui parlent ne sont pas footballeurs.» Alors, il paye de sa personne. En Allemagne, il est le joueur du premier cercle (Zinédine Zidane, Claude Makelele, Thierry Henry et lui) qui va systématiquement au contact des médias. A chaque fois, il y a quelqu'un pour dire : «On va encore se faire engueuler.» C'est plus subtil. La retranscription brute donne : «Ce que dit Untel, j'en ai super rien à foutre, et je lui demande de fermer sa gueule.» En fait, c'est très différent. Même et surtout quand il fait passer ses messages, Sagnol n'est pas mécontent d'être là. Ça se voit. Le gaillard n'est pas taillé non plus pour jouer les croquemitaines. Et s'il force parfois sa nature, la manoeuvre n'échappe à personne.
«Pas avare». Au printemps 2000, à une époque où pas un joueur ne parle chiffre, le natif de Montfaucon-en-Velay (Haute-Loire) est initié au cirque