Berlin de notre correspondante
Maillot rouge décoré d'un croissant de lune et d'une étoile blanche, short rouge, chaussettes rouges, Oguzhan, 12 ans, affiche clairement ses préférences. «J'ai un passeport allemand, mais mon pays c'est la Turquie», affirme fièrement le jeune garçon, en sortant du stade de la Katzbachstrasse, à l'ouest de Kreuzberg, le plus vieux quartier turc de Berlin. Quand il sera grand, Oguzhan veut être footballeur professionnel. Mais «sûrement pas pour l'Allemagne !» s'exclame-t-il. Son père défend l'Allemagne parce qu'elle lui a permis d'échapper à la famine en Turquie. Mais, au collège où il n'a pas un seul ami allemand, tous les copains de Oguzhan sont contre l'équipe d'Allemagne. «Elle n'est pas très bonne, elle ne mérite pas de gagner, tranche l'apprenti footballeur, qui rêve de rentrer au Hertha Berlin. Elle a eu de la chance jusqu'à présent mais c'est tout. Moi, je voudrais que le Portugal devienne au moins une fois champion du monde.» Quelques rues plus loin, Mehmet déambule dans un jogging blanc, cheveux gominés, sabre argenté en pendentif. «Evidemment qu'on soutient l'équipe d'Allemagne, se récrie l'adolescent. On vit ici. On est pour l'Allemagne. Logique non ?» Pas tant que cela. La communauté turque d'Allemagne, qui compte 2,3 millions de personnes, dont 500 000 disposent du passeport allemand, reste assez divisée sur le sujet. D'un côté, il y a les scènes de liesse à la Kottbusser Tor, surnommée «