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Libération
Enquête

Vers une Mannschaft black-blanc-turc

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A l'image de la réforme du code de la nationalité, le foot allemand s'est engagé en 1998 sur la voie multiculturelle. Avec Odonkor et Asamoah, l'équipe a pris des couleurs. Reste le cas particulier des joueurs turcs.
publié le 5 juillet 2006 à 21h52

Istanbul, 8 octobre 2005. Pour sa première sélection, Nuri Sahin marque le but victorieux (2-1) de la Turquie contre l'Allemagne. A 17 ans, il est le grand espoir du football turc, un mix de Zidane et de Roy Keane. Pourtant, Sahin est né en Allemagne, joue en Allemagne (à Dortmund) et détient deux records de précocité en Bundesliga : il est le plus jeune joueur à avoir débuté et scoré dans le championnat allemand. A la DFB, la fédération allemande de foot, on se chicote les doigts d'avoir laissé filer le joyau que les scouts de la fédé turque ont repéré quand il n'avait encore que 14 ans. Même si Nuri a fait son choix depuis belle lurette : «J'ai tout appris en Allemagne, mais je n'ai jamais songé à la Mannschaft. Dans ma tête, cela a toujours été clair : c'est le maillot de la Turquie que je veux porter. Cela dit, mon père m'avait laissé libre de choisir. Et puis, Jörg Daniel, le coach des juniors allemands, a pensé que je ne m'engagerais pas pour l'Allemagne : ça a rendu ma décision plus facile à prendre...»

Résistance à l'assimilation. Avec Sahin, la Mannschaft a potentiellement perdu son sixième «crack turc né en Allemagne». Bastürk, Umit Davala, Ilhan Mansiz et les frères Altintop : tous ont refusé la tunique nationale allemande au profit de la Turquie ancestrale. Avec 2,3 millions de personnes, la communauté turque représente la population étrangère la plus importante outre-Rhin (30 % de la population immigrée) et recèle un vivier de talents qui échappent