Drôle de Coupe du monde que celle de Luca Toni. Voici un type qui arrive en Allemagne avec une énorme pancarte dans le dos 31 buts marqués dans le Calcio cette saison, une vraie statistique d'ogre , dont toutes les filles s'amourachent, que la presse adore et qui n'est pas encore tout à fait certain de partir titulaire, dimanche, en finale contre la France. La péninsule le rêvait en Paolo Rossi et Toto Schillaci, meilleur buteur du Mondial 90, les mains dans les poches. Et le figurait en phare éclairant de cette Squadra qui broyait du noir. Au lieu de quoi ses coéquipiers continuent d'appuyer sur l'interrupteur sans que la lumière ne s'allume.
Deux buts en six matchs, presque un ratio humain. On s'interroge. Toni est-il grillé ? Postule-t-il au prix Guivarc'h 2006, du nom de cet attaquant breton du siècle dernier, avant-centre champion du monde sans trouver la place d'en planter un seul ? Fait-il un concours avec le portugais Pauleta, autre empêché de marquer en rond notoire de ce Mondial ? Proclame-t-il là sa solidarité de buteur avec Trezeguet, chômeur technique de Domenech ? A ces multiples questions, la réponse est non, bien sûr. Malgré sa déveine, c'est évident, Toni reste l'attaquant du troisième type. Soit un gros costaud de près de deux mètres, à la Carew, mais serti du réalisme qui sied à tout footballeur latin, et à la mobilité idoine. Ce serait exagéré de dire que Toni figure la somme de l'addition Shaquille O'Neal + Thierry Henry + Filippo Inzaghi, mais il y a