Un des obstacles à l'émancipation de la femme a longtemps été sa méconnaissance de l'imaginaire masculin de base, c'est-à-dire de tout ce qui tourne autour du cul. Les pères racontent aux fils des histoires salaces dont les femmes sont exclues faute d'en comprendre le vocabulaire. Nos grands-mères (et les moins dégourdies de nos mères) «restaient sottes» et avouaient n'avoir «rien compris», signant leur défaite face à la domination des hommes. Or, la seule vraie difficulté de la littérature pornographique, ce ne sont pas ses triples saltos arrières narratifs, c'est son lexique. Heureusement, il existe des dictionnaires. Monnier nous y renvoie en tête de ses Deux Gougnottes (lire demain) : si l'on ignore le sens de son titre, il faut consulter le Delvau, indique-t-il, aussi célèbre pour la «langue verte» que le Larousse pour ses dessins de champignons vénéneux.
En feuilletant un peu rapidement donc le Dictionnaire érotique moderne, on se rend compte que, s'il contient quelques centaines de mots et expressions, les dénotés correspondants ne sont qu'une demi-douzaine. A savoir : baiser, sodomiser, vagin, pénis, prostituée, semence... Exemple : «Fringuer, fringasser une femme. La baiser.» Ou encore : «Pauvreté d'un homme (la). Son membre, qui est une richesse pour lui quand il est maquereau», assorti d'une citation de Cervantès : «N'avez-vous pas honte de montrer ainsi votre pauvreté ?» Entrée suivante : «Pays-Bas (les). La na