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Libération
Critique

La putain de la monarchie

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La réserve des livres sulfureux de la Bibliothèque nationale
publié le 9 août 2006 à 22h54

Les Fureurs utérines de Marie-Antoinette, enfer cote 653, est un des innombrables pamphlets antimonarchiques et pornos parus durant la Révolution. Ce ne sont plus aujourd'hui des documents rares. Le serveur Gallica (1) de la BNF permet d'en télécharger un certain nombre : le Godmichéroyal (sic), les Confessions de Marie-Antoinette ou la Grande Fête donnée par les maquerelles de Paris, à toutes leurs putains, le jour de l'arrivée du Roi, de la Reine, & de leur Famille, en réjouissance du retour de leurs Père & Mère. Cumulant le double inconvénient d'être femme et étrangère, la pauvre héroïne de Coppola cristallisa les haines, tandis que Capet, à l'arrière-plan, n'était qu'un impuissant berné. On fait ainsi dire à la reine dans ses prétendues Confessions :«J'avais juré à ma maman/En m'éloignant de sa présence,/ De tremper mes mains dans le sang/Des braves citoyens de France.» Notre objet se présente (comme souvent) accolé à un autre texte, non politique, une comédie intitulée le Triomphe de la fouterie. Ses personnages sont Mme Duvagin, le marquis de La Couille ou encore monsieur Ducu, «bougre», c'est-à-dire sodomite. Les Fureurs utérines porte la mention «la mère en proscrira la lecture à sa fille» (la Philosophie dans le boudoir (1795), de Sade, la parodie, en «prescrira») et un lieu de publication fantaisiste : «Au Manège [c'est-à-dire à l'Assemblée nationale, nd