Depuis dix ans, Marie rit. A rebours de toutes les expériences qui ont montré que les femmes goûtent peu l'humour de chiottes, spécialement en fin de repas («ne vous mettez pas au balcon pour cracher sur les passants ; surtout si vous avez du foutre dans la bouche»), elle, en revanche, hurle de joie chaque fois qu'elle fait main basse sur le Manuel de civilité pour les petites filles... Il faut dire que ses trois exemplaires ont été perdus à force d'être prêtés et le vôtre (éditions Allia, 6,10 euro(s)) la sauve de la neurasthénie. Elle a l'habitude d'en faire des lectures délicates et même le récite par coeur, en particulier la section «Ne dites pas... dites...», assez facile à apprendre, il est vrai : «Ne dites pas : "J'ai envie de baiser."Dites :"Je suis nerveuse."» Ou encore : «Ne dites pas : "Entre mes repas je ne bois que du foutre." Dites : "J'ai un régime spécial."» Une de ses préférées : «Ne dites pas : "Sa pine est trop grosse pour ma bouche." Dites : "Je me sens bien petite fille lorsque je cause avec lui."»
Pierre Louÿs (1870-1925) fut un érotomane prolixe, en plus de l'auteur de la Femme et le Pantin ou des Chansons de Bilitis. On lui connaît, au rayon secret, Trois Filles de leur mère, l'Ile de Gomorrhe et le non-fictif carnet Enculées (éditions La Musardine) où il consigna, sa vie durant, les noms et caractéristiques des prostituées qu'il avait visitées. Mais le plus hilarant reste cet