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Libération
Critique

«C'est nous les p'tits foetus»

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La réserve des livres sulfureux de la Bibliothèque nationale
publié le 18 août 2006 à 22h58

Déception terrible, notre site préféré (gallica. bnf. fr), l'usine à livres de la BNF, n'offre pas les Chansons de salle de garde recommandées par Pascal Pia dans Livres de l'Enfer (Fayard). Pia nous avait pourtant invités à nous méfier. Grossières sont les contrefaçons et toutes ne portent pas la marque du bon goût minimum, à savoir la Digue du cul, tube paillard intersidéral. Faute de faisandé, on se contentera de grivoiserie avec cette Anthologie de près de 1 000 pages, réunie par un certain Courtepaille. Il nous y promet des chansons d'étudiants «anciennes et nouvelles», mais la plupart sont récentes, ce qui permet d'apprécier au passage la pénétration du symbolisme dans les mentalités fin de siècle. En 1897, on cite Verlaine comme aujourd'hui Hélène Ségara, et le Dr Henry Labonne dédie «à la muse de Baudelaire» son «Sonnet au spermatozoïde» (1908). On s'étonnera de trouver le pauvre Charles lui-même dans cette anthologie de chansonniers du cul. Tel anonyme, reconnaissons-le, tangue cependant assez bien entre «Une charogne» et «les Métamorphoses du vampire» sur son coulis de synesthésie ratée : «Cons pourris de Lourcine, et cons morts de Clamart,/ Je vous ai vus, baignés d'un jus multicolore,/ Nager, flasques, dans une odeur de vieux homard.»

Car l'objet principal de toutes ces chansons à boire est évidemment la femme, son sexe, avec une attirance particulière pour les foetus, spécialité obstétrique oblige. «C'est nous l