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Libération

Histoire d'un procès en incompétence

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Retour sur une candidature marquée depuis le début par le machisme ­ assumé ou inconscient ­ de la classe politique et des commentateurs.
publié le 10 avril 2007 à 7h08

Paris Match circule de main en main. Plus personne n'écoute les orateurs assis à la tribune. Ce 22 septembre 2005, les parlementaires socialistes réunis pour leurs journées annuelles à Nevers sont dissipés, une fois de plus. Le sujet des papotages du jour, c'est Ségolène Royal. Interrogée, pour l'hebdomadaire, par l'académicien Jean-Marie Rouart sur son éventuelle candidature à l'investiture socialiste, elle répond : «Ça peut arriver.» Certains ne résistent pas au plaisir d'un bon mot. «Mais qui va donc garder les enfants ?» lâche Laurent Fabius, entouré de quelques élus. L'un d'eux se précipite pour répéter ça à la presse : «J'en ai une très bonne à vous raconter !» Depuis, Laurent Fabius a prétendu qu'il n'avait jamais dit une chose pareille, et les témoins directs de la scène se font discrets. Peu importe, le décor est planté. Le jour même où la présidente de la région Poitou-Charentes dévoile ses ambitions, ses détracteurs donnent le ton de la réplique, plus personnel que politique.

Sans doute serait-il excessif de faire, à ce moment-là, un procès en misogynie aux éléphants socialistes. Plus que Ségolène Royal, c'est le couple Hollande-Royal qui est visé. A un an et demi de l'élection présidentielle, le Premier secrétaire du PS est un candidat potentiel, et donc un rival encombrant pour Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Ce 22 septembre, il y a plus grave que les ricanements sur l'éventuelle candidature de Ségolène Royal, c'est le déni d