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Libération
Éditorial

Contre-pouvoir

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publié le 21 juillet 2007 à 8h52

Chassez le surnaturel, il revient au galop. Le mystère Jésus, quel qu'il soit, est symptomatique d'un état d'esprit de la Palestine d'aujourd'hui : tout y est prétexte à défier la loi romaine. La personnalité et le message de Jésus y sont pour beaucoup. Mépriser l'argent, s'adresser aux plus humbles, prôner l'amour et le pardon, ne pouvait que trouver un écho favorable, dans ce monde régi par la violence et la mondialisation parmi une population humiliée par la défaite. D'autant que les élites locales ne jouent plus depuis longtemps leur rôle de tampon face à la toute puissance de Rome. Le Tétrarque Hérode Antipas reste cloîtré dans son palais et se désintéresse des affaires publiques. Le clergé du Temple est lui-même déconsidéré. Trop lié à l'occupant, partageant avec lui les lourds impôts qui accablent les contribuables, il a montré à maintes reprises sa sujétion au pouvoir romain. Le récent procès de Jésus, modèle de déni de justice et d'iniquité, a une fois de plus mis à jour les liens qui unissent les prêtres à l'administration. Le peuple juif se sent donc abandonné, faute de représentants crédibles.

Certes Tibère parle d'ouverture, mais le tempérament même du chef de l'Etat laisse poindre la dimension purement cosmétique de l'entreprise. A quoi bon confier des responsabilités à des dirigeants locaux, tel Hérode, si l'empereur est partout, tout le temps, s'occupe de tout. Et du reste. En cas de coup de fatigue, Tibère sait qu'il peut compter sur des gouverneurs de provin