C'est en étudiant le caméléon que le peintre Louis Guingot (1864-1948) a inventé la tenue dite «léopard». Ainsi est née, au tout début de la Première Guerre mondiale, la technique du camouflage. On s'en est d'abord servi pour planquer les canons car les soldats, eux, pouvaient toujours courir. Puis les vêtements eux-mêmes ont été bariolés de brun et de verdâtre, mode qui a fait son chemin jusqu'au fin fond du Forum des Halles, à Paris, où la tenue du combattant est désormais de rigueur. Il s'est passé beaucoup de temps avant que l'on ne songe à enrôler le caméléon dans un conflit armé. Son utilité comme projectile n'avait rien d'évident (un peu mou, sans doute). En revanche, son étonnante aptitude à se fondre dans le paysage a fini par donner des idées. Placez un caméléon devant la Joconde, et immédiatement l'animal se met à sourire niaisement. Devant une vue de la Seine par Monet, et la bête imite le cri du remorqueur. Devant une toile de Pollock, et le caméléon décampe en prétextant un rendez-vous urgent, car il y a tout de même des limites. Animal curieux mais craintif, le caméléon passe le plus clair de son temps dans les arbres à guetter des insectes. Il possède sous sa peau (transparente) des cellules spécialisées, appelées chromatophores, qui lui permettent de changer de couleur. Ce n'est pas aussi précis qu'un écran à cristaux liquides, mais regarder la télé sur le dos d'un caméléon n'aurait pas grand intérêt. C'est ici qu'entre en scène Louis Guingot.
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