La puce n'est pas notre amie. Mais les scientifiques l'aiment bien quand même, car la petite bête fournit un nombre étourdissant de sujets d'étude. Lorsqu'un chercheur se lasse du théorème de Banach-Schauder («Une application linéaire continue surjective entre deux espaces vectoriels normés complets est ouverte»), il s'intéresse invariablement aux sauts de la puce. C'est-à-dire qu'il étudie scientifiquement les différents sauts que sont susceptibles de faire les différentes espèces de puces. Comme les annales en recensent 1 800, il y a du boulot pour tout le monde.
Chacun sait que la puce est une grande sauteuse, capable de bondir à près de 400 fois sa propre hauteur et de retomber sans se casser la moindre patte. C'est comme ça qu'elle arrive à prendre le train en marche, par exemple un chat ou un chien qui passe par là. Il était donc naturel qu'en 1999, une équipe de l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse compare les sauts de la puce du chien (Ctenocephalides canis) et ceux de la puce du chat (Ctenocephalides felis). On ne sait combien de mois de travail il leur a fallu pour parvenir aux résultats exposés dans la revue Veterinary Parasitology (vol. 92, n°3, pp. 239-41). Par contre on connaît le dispositif expérimental que cette expérience de big science a nécessité : des tubes en plastique gris de 9 cm de diamètre d'une hauteur allant de 1 cm à 30 cm, par incréments de 1 cm. Les tubes étaient placés verticalement, avec à l'intér