Certaines espèces animales sont si discrètes qu'on se demande si elles n'ont pas disparu. Ainsi le lapin de Sumatra. La dernière fois qu'on en a vu un, c'était en 1972. Et la fois d'avant, en 1916. Le lapin le plus rare du monde vit dans les forêts de montagnes reculées de l'île de Sumatra (entre 600 et 1 600 mètres d'altitude), où il ne sort que la nuit. Même les gens du coin n'en voient jamais, au point que, avant que les scientifiques ne débarquent, ils en ignoraient jusqu'à l'existence. Le dahu est presque plus palpable.
Le lapin de Sumatra (Nesolagus netscheri) est une pauvre chose de 35 cm pour 1,5 kg. Lâché dans un couloir de métro, il ne passerait toutefois pas inaperçu : il est blanc-gris avec des raies brunes et possède une petite queue rousse. Il vit dans des terriers creusés par d'autres animaux. Voilà à peu près tout ce que l'on sait de lui. L'espèce n'est pas complètement éteinte puisqu'en avril dernier, un spécimen a déclenché un système photographique automatique planqué dans la forêt sumatrienne. En a résulté un chouette cliché au flash où l'on constate que les zoologistes n'ont pas les moyens de se payer des dispositifs anti-yeux rouges sur leurs appareils. Mais bon, l'important est que le lapin de Sumatra soit passé dire bonjour. S'il pouvait revenir nous faire signe au moins une fois tous les dix ans, nous nous sentirions moins pessimistes sur l'avenir de la planète.
En 1993, la revue Etudes Rurales a publié un article curieusement titré «Que