François Rebsamen. Maire de Dijon, secrétaire national du PS.
Supprimer les partis ? Quelle curieuse question. Depuis la révolution, il est vrai que notre pays a connu bien des poussées de fièvre antipartis : bonapartisme, boulangisme, poujadisme. Il y a peu de temps encore, il était de bon ton de dénoncer par la formule «tous pourris» la classe politique française. La Constitution de la Ve République stipule clairement que «les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage». Cependant, les partis politiques en France n'ont pas bonne presse. Pourquoi ? Suffit-il de déplorer l'absence d'éducation civique de nos concitoyens ou leur méconnaissance de la constitution ? Suffit-il de répondre que cette volonté de supprimer les partis est la marque de tous les régimes totalitaires ? S'il est nécessaire de le rappeler, cela n'est pas suffisant. En effet, paradoxalement, ce que nombre de nos concitoyens reprochent aux partis, à savoir de s'occuper principalement des élections, est justement la mission que leur assigne la Constitution. Il faut donc ouvrir ce débat en posant la question du fonctionnement de notre démocratie. Le fait majoritaire couplé à un régime présidentiel ne contribue-t-il pas à dévaloriser le rôle des partis ? Dans un Parlement dévalorisé, la formation majoritaire apparaît le plus souvent comme un parti godillot, et celles de l'opposition comme inefficaces. La dérive de nos institutions vers un régime hyperprésidentiel risque