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Le marché crée-t-il la pauvreté ?

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Martin Hirsch et Denis MacShane Animé par Alexandra Schwartzbrod
par
publié le 14 septembre 2007 à 9h38

Martin Hirsch Haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté .

Le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté est-il d'aider ceux qui créent les richesses, pour que les pauvres en profitent, ou de redistribuer vers les plus pauvres, pour valoriser leur travail et leur permettre de consommer ? Vieux débat, curieusement jamais épuisé. Comme s'il fallait choisir entre créer les richesses, indifféremment de la manière dont on les distribue ou les répartir, sans se préoccuper de l'influence des mécanismes de répartition sur leur production. Penser qu'il fallait choisir entre les deux termes de l'alternative a conduit au paradoxe social français (expression bien plus juste que celle de modèle social français) : des dépenses sociales élevées avec un taux de chômage fort et un niveau de pauvreté au mieux stagnant. Or, quand on regarde sur les trente dernières années, on constate une absence de corrélation entre le taux de pauvreté d'une part, le rythme de la croissance et l'évolution du chômage d'autre part. Ceci impose une politique autonome de lutte contre la pauvreté, en complément de la politique économique qui vise à favoriser la croissance et de celle qui recherche le plein emploi. Dans les années 60 et 70, on luttait efficacement contre la pauvreté en redistribuant, vers les plus âgés. Aujourd'hui, combattre la pauvreté impose prioritairement de réduire le nombre de travailleurs pauvres et de définir enfin des politiques efficaces à l'égard des 18- 24 ans.