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Prison : punir ou réinsérer ?

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Jean-Paul Garraud et Emmanuelle Perreux Animé par Béatrice Vallaeys
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publié le 14 septembre 2007 à 9h38

Jean-Paul Garraud. Magistrat,député de la Gironde.

Punir ou guérir, le débat agite les sociologues, les juristes, les «psys», les politiques depuis des décennies. Il est très symptomatique de cette opposition systématique, caricaturale, entre prévention et répression, entre laxisme et sécurité, entre ceux qui se pensent progressistes et ceux qui sont taxés d'être conservateurs. Quelques questions essentielles : est-il possible d'envisager un monde sans prison ? Nous aimerions tous vivre dans un monde parfait, mais ce n'est vraiment pas d'actualité. La prison est-elle le meilleur endroit pour préparer la réinsertion ? Peut-elle réussir alors que tout a échoué jusque-là dans la vie du délinquant : famille, travail, école, etc. Assurément non. Et, pourtant, on part du postulat que tous sont réinsérables, que tous ont payé leur dette à la société à la fin de leur peine, que plus personne n'est dangereux à la sortie de prison. Au fait, sont-ils vraiment tous réinsérables ? Une infime minorité ne pose-t-elle pas problème ? Le seul fait de poser ces questions est pour certains sacrilège. Le magistrat que je suis a cependant connu un individu condamné trois fois à perpétuité. N'est ce pas deux fois de trop ? Ne faut-il pas aussi beaucoup s'interroger sur le sort des victimes ? Peut-on arrêter d'être qualifié de populiste quand on s'occupe d'elles ? Toutes ces questions et bien d'autres, dont celle de la revalorisation des conditions d'enfermement, seront posées avec courage et