Ce matin de février 2013, Antoine Fournier, le maire, s'apprêtait à prendre possession du nouvel hôtel de ville de Marseille, la toute dernière génération de bâtiments à énergie positive. De face, la construction exposait aux regards une immense baie vitrée, haute d'une cinquantaine de mètres, courbée vers ses deux flancs et offerte aux rayons du soleil d'hiver, qui la traversaient à l'horizontale. Son enveloppe consistait en une coquille composée d'écailles de bois. De part et d'autre du bâtiment, construit en surplomb de la ville, quatre tours couvertes d'un revêtement photosensible, posées chacune au coeur d'un carré de jardin luxuriant, dardaient le ciel.
A quelques mètres de là, l'avenue de la Méditerranée, bordée d'une haie de palmiers géants, épousait les contours du littoral, traçant une courbe verte d'une extrémité à l'autre de la ville. Le long de l'avenue, un tramway, puis deux, puis d'autres, faisaient le trait d'union entre les vieux quartiers et la ville nouvelle. Dans celles-ci, des grues hérissaient le quartier, au coeur de bâtiments en construction selon un schéma standard. De grands cubes constitués chacun d'une vingtaine d'immeubles de cinq à six étages s'élevaient à hauteur régulière. Ces blocs tapissés de plantes grimpantes, quadrillés de rues étroites et rectilignes, se succédaient à perte de vue, séparés les uns des autres par de larges voies sur lesquelles allaient et venaient une myriade d'autobus électriques. Au loin, aux frontières de cette ville no