Sans l'Amérique, le road-movie n'existerait pas. Entre chevauchée mécanique et voyage initiatique, il revisite la mythologie de la Terre promise, fondatrice des Etats-Unis. L'espoir pour chaque émigrant du Nouveau Monde de se réaliser enfin. Chemin d'exil et de liberté, le road-movie se déploie dans ces espaces sans limites, où les lignes de fuite semblent témoigner que rien n'est impossible. Il marche dans les traces du western là où il s'était arrêté : mêmes chevauchées sauvages, mêmes randonnées mortelles sur fond de bluette, même tentation de la violence qui croise la religion de l'ordre.
Le temps qui reste, et non la distance franchie, en est le ressort intime. Les miles s'égrènent sans fin à la manière de fuseaux horaires que l'on remonterait avec la course du soleil, d'est en ouest. La route est un ailleurs, une promesse avec vue sur un univers meilleur. Le rêve de l'eldorado prend les couleurs d'une Cadillac, et la Santa Fe Trail celle de la route 66. La glaise mute asphalte. Le crédit est mort pendu, ici tout se paye cash. Go West. La route est la ligne blanche de l'éternelle «nouvelle frontière». Elle franchit le continent, d'un océan à l'autre. Le road-movie l'emprunte en bifurquant sans cesse sur des chemins de traverse.
Oakies, cow-boys, hobos, freaks, ces migrants marginaux hantent l'imaginaire américain. Le nomadisme rejoint l'obsession de s'inventer des racines et de reconquérir sa liberté de mouvement. Les véhicules sont des héros du casti