Un livreur de voitures sillonnant l'Amérique à bord d'une Dodge Challenger 1970 blanche fait le pari de relier Denver à San Francisco en une quinzaine d'heures, tout en avalant, pour tenir, des poignées de speed. Kowalski, le chauffeur amphétaminé, entame sa cavale en ignorant un contrôle de police et devient en quelques heures l'homme le plus coursé du territoire américain : de la vitesse comme dernière expression de la révolte. Pour le guider dans sa course, le plus fantomatique des coéquipiers : un DJ radio noir et aveugle, Supersoul, qui, par ondes interposées, lui fournit les morceaux Philly Sound qui lui feront maintenir le rythme de la course en même temps qu'il lui indique les itinéraires les plus courts. Vers où peut le mener ce pari stupide, sinon vers la plus grande dissolution ? En V.O., Point limite zéro est titré Vanishing Point, «le point de disparition». Sarafian a filmé en effet non pas une course contre la mort, mais une course à rebours de la vie. Kowalski, tout en s'épuisant à rejoindre la Californie (partant du Colorado, il refait la conquête de l'Ouest), voit ses propres souvenirs remonter à la surface, sa ligne d'horizon ce n'est plus Frisco mais l'homme qu'il a été avant la relégation à ce sale boulot de livreur : ancien pilote de course, puis vétéran du Vietnam et, enfin, ex-flic écarté pour des raisons sordides. Sa course le long des speedways («Gazoline and Cocaïne», chantera bientôt Alan Vega) symbolise, à ce moment-là
Critique
Point limite zéro
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par Philippe Azoury
publié le 12 janvier 2008 à 1h53
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