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Critique

Radio on

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Bercée de new wave, une errance postmoderne entre Londres et Bristol. Oiseau rare oublié de Christopher Petit.
publié le 12 janvier 2008 à 1h53

Londres, une nuit de la toute fin des années 70 : la ville est auto-éclairée par les écrans électroniques, par les tubes au néon des écrans de télévision. Certains appartements en comptent jusqu'à trois, allumés en permanence. A Bristol, la nuit, si on dressait un peu l'oreille, on pourrait entendre une émission de radio clandestine émettant des messages sinistres et/ou prophétiques depuis une fréquence souterraine. Le garçon qui l'anime crève là d'ennui, jonglant de cassettes (audio) en cassettes (vidéo). Il se dit, sans doute, comme beaucoup de gens de sa génération (celle qui a immédiatement surgi du chaos punk) que, dans une ère froide livrée à une guerre froide, Bristol, Londres ou Paris ne sont plus que des banlieues universelles de Berlin, alors la véritable capitale européenne, car assumant tout : le froid, le vide, la laideur, l'horreur de l'histoire, l'ennui.

Comme beaucoup d'autres, l'homme de Londres rêve de Kreutzberg où Lou Reed, David Bowie, Brian Eno et Iggy Pop ont élu domicile depuis longtemps. Il écoute sans fin Kraftwerk qui, en bons Pierre et Marie Curie novo, crée une musique radioactive, une musique qui n'a plus rien d'humain, une musique de robot pour des robots. La musique de Radio on, sa bande magnétique.

Notre héros est encore humain. Pour se décider à quitter une ville pour une autre (à quoi bon ? ne se ressemblent-elles pas toutes ?), il a besoin d'une raison. Le scénario lui en refile une, bien sévère : il doit enquêter sur une mort