Posé sur la petite table de la petite cuisine, un festin attend les visiteurs : papillotes de poisson, riz, légumes, gâteaux, bonbons. En bonne maîtresse de maison, Anna sert et ressert ses hôtes, tout en racontant sa «dure vie». «C'est vrai, aujourd'hui on trouve de tout dans les magasins, il n'y a plus de queues, explique-t-elle. Le problème, c'est qu'on n'a plus d'argent !» Anna Perova est ouvrière chez AvtoVAZ, le plus grand constructeur russe de voitures (les célèbres petites Lada), installé à Togliatti, un millier de kilomètres à l'est de Moscou. «Je fais des pièces de moteurs, 4 500 pièces par roulement de huit heures, explique-t-elle. Soit 15 tonnes de métal à manipuler à chaque roulement. Les conditions de travail ne se sont guère améliorées depuis que j'ai commencé à travailler dans cet atelier, en 1989. Nous sommes postés sur d'énormes presses, dans le bruit, et une chaleur assassine l'été. Pour 43,07 roubles [1,2 euro] de l'heure.» Son salaire de base est de 7 000 roubles (193 euros), complété par diverses primes et des heures supplémentaires qui lui permettent d'arriver jusqu'à 15 000 ou 16 000 roubles par mois (412 à 440 euros). «La direction préfère payer en primes, qu'on peut nous supprimer à la moindre occasion, grimace-t-elle. Je ne dirais pas que je vis mieux qu'à l'époque soviétique, au contraire.A l'époque, je pouvais faire du tourisme, j'allais à la montagne, dans le Caucase
Portrait
A ll'usine comme à la mine
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par Lorraine Millot
publié le 1er mars 2008 à 2h33
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