Le Blackberry dans une main, un téléphone dans l'autre, Pavel Teploukhine fait bien sentir que son temps est précieux. Pour ce banquier, chargé de la gestion d'actifs chez Troika Dialog, l'une des plus grandes banques d'investissement russes, les années Poutine ont été celles de la valse des milliards. «Ces sept dernières années, nous sommes sur un rythme de croissance de 100 % par an, résume-t-il. Parmi ses clients, il compte un bon millier de millionnaires. Lui-même ne veut pas dire combien il gagne, mais il s'est payé une belle maison sur l'Arbat, au coeur du vieux Moscou, pour accrocher ses tableaux d'impressionnistes russes. «Disons que je peux assurer le bien-être de mes enfants, petits-enfants et futurs arrière-petits-enfants», dit-il pudiquement.
Jeunesses communistes. L'histoire a permis une belle pirouette à cet ancien petit pionnier, fils de médecin militaire. «J'ai même été membre du Parti communiste pendant trois ans, avoue ce golden boy à la russe. Dans les années 1980, le Parti n'avait plus rien d'idéologique. C'était la seule façon de trouver un bon travail après l'université.» Diplômé en sciences économiques de l'université de Moscou, puis de la London School of Economics, Pavel Teploukhine fut l'un des jeunes conseillers des privatisations des années 1990, c'est-à-dire l'escroquerie du siècle pour beaucoup de Russes : en un rien de temps, les millions de petits porteurs de bons de privatisation se sont trouvés dépossédés au profit