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Portrait

Etranger chez soi

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Elhan Azimov, 41 ans, marchand, sans-papiers
publié le 1er mars 2008 à 2h32

«Si vous cherchez quelqu'un pour vous dire que rien ne marche en Russie ou que rien ne va plus entre les Russes et nous [les Ex-Soviétiques du Caucase], je ne serai pas cet homme-là.» Sur le marché Danilovski, qu'il approvisionne chaque jour en fruits et légumes, Elhan Azimov reste prudent quand il parle avec des étrangers. Petit, la casquette vissée sur la tête, cet Azéri entend bien ne pas attirer l'attention. Seules ses dents en or jaune, bien visibles sur le devant, trahissent le Caucasien.

Franchir la frontière. «Je suis arrivé il y a à peine quinze jours», s'excuse-t-il avant d'avouer qu'il est à Moscou depuis un an, puis qu'il passe l'essentiel de son temps en Russie depuis des années. «Sans visa, je dois franchir la frontière tous les trois mois», explique-t-il. Comme un demi-million de ses compatriotes, qui jouent un rôle primordial sur le marché des primeurs russes, Elhan Azimov est un sans-papiers. Une situation que cet homme de 41 ans, père de deux adolescents restés au pays, vit très mal. «Jamais je n'aurais imaginé ça quand je faisais l'armée ou mes études en Sibérie, à la fin des années 80», se souvient ce fils de cheminot. «Le mot "immigration" n'existait pas. On avait tous le même passeport rouge et on se sentait partout chez soi en Russie.» Il a été touché par la désintégration de l'ancien empire. «Sans le passeport russe, on ne vous donnera qu'un emploi de concierge, de chauffeur ou de magasinier.» Futur cad

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