Philippe Cohen
Directeur du ballet du Grand Théâtre de Genève
La danse se définit-elle par la manière ? par la forme ? par l'ornement ? l'interprète ? la sincérité ? le potentiel commercial ? L'institution subventionnée peut-elle répondre à ces questionnements tout en maintenant une liberté de propos ? Quelle perspective, quel enjeu attend-t-on de nous ? Tel que je l'imagine, notre rôle n'est pas de créer des perspectives mais plutôt d'en procurer la vision. La danse restera un mode d'expression essentiel en ce début du XXIe siècle. La danse doit prendre la parole sur un mode majeur, pour ce qu'elle est, et sera : un foyer d'énergie créatrice essentiel, conscient de son développement artistique et de la perspective historique dans laquelle il s'inscrit.
La danse, à travers ceux qui la font, en premier lieu ses interprètes et les chorégraphes, doit accéder à un stade supérieur de connaissance culturelle et sensible de ce qu'elle représente. Acte rituel, divertissant, politique, mais aussi et enfin acte de foi artistique multidimensionnel, et fidèle plus que tout autre à l'esprit de son temps. Cessons de revendiquer un statut d'art majeur, comme pour mieux souligner l'opinion de ceux qui croient la danse incomparable au grand opéra ou aux belles-lettres. Si la danse est un art mineur, c'est simplement qu'elle n'a pas atteint l'âge imminent de sa majorité. En pleine conscience de cet état de fait, nous entendons contribuer à l'évolution naturelle de l'art chorégraphique vers une