Menu
Libération

Que transmet-on ?

Article réservé aux abonnés
Débat animé par René Solis
par
publié le 13 juin 2008 à 3h51

Bartabas

Dresseur de chevaux et chorégraphe de spectacles équestres

La transmission artistique est une école de vie. Au-delà de la représentation, je me trouve aujourd'hui très attaché à défendre l'idée d'une certaine relation au cheval, où la maîtrise de soi, le respect, l'écoute et le sentiment transforment un sport en une discipline artistique. C'est ce cheminement personnel qui m'a donné envie de créer l'Académie du spectacle équestre, un lieu où l'enseignement du dressage côtoie celui de la danse, de l'escrime, du chant et du tir à l'arc japonais. Cette pluridisciplinarité est, à mon sens, un véritable terreau qui donne naissance à des «artistes-écuyers» dans une «compagnie-école» dont le fonctionnement est celui d'un corps de ballet. Pas de diplôme, pas de cycle d'enseignement à durée limitée, pas de projet pédagogique rigidifié. : il s'agit de mener de front l'apprentissage et la (re)présentation de son savoir. C'est le sens profond de l'existence de tout artiste, son quotidien. A l'Académie, je cherche à transmettre aux écuyers les notions d'autonomie et de responsabilisation, au sein de l'esprit de troupe : j'aime à croire que le véritable maître est celui qui sait se rendre inutile. Aujourd'hui, cinq ans après sa création, l'Académie a trouvé un équilibre juste entre les enseignements, l'art équestre et la création de spectacles. Mais elle reste un laboratoire où la recherche, le questionnement et l'ouverture permettent à la troupe des écuyers une évolution infinie.