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Libération

La chanson est-elle protestation ?

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Débat animé par Stéphanie Binet
par
publié le 14 juin 2008 à 3h52

Ekoué et Hamé

Rappeurs de La Rumeur

Jean-Paul Huchon

Président du conseil régional d'Ile-de-France

Dès le départ, il y a eu un malentendu sur le rock. Le rock était une musique de noirs faite par des blancs pour des blancs. La protestation n'était qu'apparente. En réalité, cette analyse est à la fois vraie et fausse. S'il est difficile de ne pas voir dans la fabrication d'Elvis Presley une formidable ruse de l'Histoire, il serait de la même manière réductible de ne voir dans l'apparition du rock qu'une entreprise commerciale. La musique ne vaut que dans ses appropriations.

Depuis les années 50, la jeunesse a utilisé le rock pour protester. Contre ses parents ou contre la société. Faire du rock'n'roll, c'est meubler son ennui par la danse. Et puis, le rock a vieilli épousant l'évolution physique et musicale du King. Les protest songs étaient plutôt à chercher du côté de la musique folk et des grands concerts contre la guerre du Vietnam. Et puis, le punk a son tour pris le relais de la protestation. Mais le rock, et c'est sa force, n'en finit jamais de ressusciter.

La musique fonctionne comme un éternel retour, un genre chassant l'autre. Aujourd'hui, on sait fusionner tous les styles à la fois, pour le meilleur et rarement le pire, à la façon de la bastard pop. On dit le rock mort et il renaît, à chaque fois plus nerveux et plus protestataire. Et c'est tant mieux car il n'y a rien de pire que d'écouter des gardiens du temple habillés en vieux perfecto.

Le rock a aujourd